Chasse nocturne sanglier et renard : comprendre l’autorisation préfectorale et ses enjeux #

Droit et législation : cadre strict de la chasse de nuit #

En France métropolitaine, la règle générale pose une interdiction formelle de la chasse nocturne. Ainsi, toute activité de chasse entre la fin du crépuscule et le lever du soleil est prohibée, y compris sur des parcelles agricoles subissant des dégâts avérés. Des exceptions existent, limitées à :

• La régulation des espèces dites ESOD (Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts), dont le renard, sur arrêté préfectoral
• Le tir de nuit du sanglier, essentiellement dans des régions connaissant des dégâts agricoles majeurs
• La chasse au gibier d’eau dans certains contextes, sous des conditions très strictes

Les arrêtés préfectoraux constituent le cœur du dispositif : chaque année, ils fixent les dates, horaires, techniques et périmètres autorisés pour les opérations exceptionnelles. Les bénéficiaires doivent afficher un bilan détaillé des prélèvements à la fin de la campagne, sous peine de sanctions administratives et pénales.
Dans le département d’Indre-et-Loire, par exemple, la chasse du sanglier et du renard à l’affût ou à l’approche, à balle ou à l’arc, est autorisée du 1er juin 2025 au 14 août 2025 après demande individuelle et approbation du préfet. Les exploitants agricoles non couverts par un plan de gestion collectif peuvent solliciter cette procédure, à condition de respecter un marquage obligatoire des animaux et une déclaration de chaque prélèvement dans les 72 heures. Tout écart relève d’une infraction grave, punie de retrait du permis et d’amendes allant jusqu’à 1 500 €.
Les techniques de chasse autorisées sont strictement listées et peuvent varier selon les départements.

Particularités locales : l’Alsace-Moselle et les dérogations récentes #

Le droit applicable en Alsace-Moselle – couvrant les départements du Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle – demeure un cas d’école. Ici, le Droit local de la chasse permet le tir nocturne du sanglier du 15 avril au 1er février de chaque année, alors que la plupart des régions françaises interdisent formellement cette pratique en dehors des dérogations préfectorales ponctuelles.
L’impact sur la dynamique des populations de sangliers, localement surabondantes, a amené, depuis 2019, des adaptations réglementaires :

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• Lunettes de vision nocturne officiellement admises pour sécuriser les tirs
• Sources lumineuses portatives autorisées dans des conditions strictes
• Balisage obligatoire des zones de tir et identification renforcée des postes

Le Loir-et-Cher ou l’Hérault s’alignent partiellement sur ce modèle, avec des autorisations exceptionnelles récentes. En octobre 2024, la préfecture du Loir-et-Cher a officialisé l’emploi de la lunette thermique pour les opérations de nuit visant le sanglier, dans le but de protéger les semis de maïs. Cette avancée technologique, bien accueillie par les agriculteurs et la Fédération des Chasseurs du Loir-et-Cher, soulève néanmoins de sérieuses questions sur la sécurité, la biodiversité nocturne et les risques d’abus.
Ces décisions illustrent une adaptation permanente du régime préfectoral face à la pression des milieux agricoles et à la prolifération de la faune sauvage.

Régulation du renard : nuisible et modes opératoires autorisés #

Le renard, classé régulièrement comme espèce susceptible d’occasionner des dégâts (ESOD) dans des départements comme la Gironde, la Charente-Maritime ou l’Essonne, peut faire l’objet d’une destruction administrative nocturne. Cette mission incombe principalement :

• Aux lieutenants de louveterie, officiers publics assermentés rattachés à la préfecture
• Aux piégeurs agréés, titulaires d’un agrément délivré par les services vétérinaires

Ces acteurs disposent, sur demande et autorisation expresse du préfet, de la faculté de recourir à un éclairage artificiel ou à des armes équipées d’optiques nocturnes pour mieux identifier et abattre les animaux ciblés. Le cadre de la destruction de nuit diffère nettement de la chasse classique par sa finalité (protection des élevages avicoles, lutte contre la contamination par la rage ou l’